À la rédaction on a eu le plaisir de rencontrer Matthieu et Alexandre le duo de Djs et compositeurs bordelais AVTEL. Avec leur empreinte sonore unique sur la Melodic Techno qu’ils diffusent aux quatre coins du monde, leurs productions sont jouées régulièrement par des artistes de renoms tels que Solomun, Tale Of Us, Dixon, Agoria et bien d’autres. On a parlé de leur 1er show 100% live, de la sortie de leur dernier EP, du lancement de leur label ainsi que de leur avis sur la scène électronique actuelle.
Vous avez fait votre 1re représentation 100% live pour le festival Adrénaline de l’Orangeade. Comment avez-vous vécu ce moment ? Pouvez-vous nous parler de la préparation autour de ce nouveau format ?
En effet cela faisait quelques temps que nous avions envie de proposer quelque chose de différent. On a tourné sur quelques dates ces dernières années avec le format Hybride notamment pour Madame Loyal en 2024. On va dire que c’était les prémices du live, une façon de nous rassurer peut être avant de se mettre à du 100% live. L’été dernier on a fait pas mal de dates où on jouait beaucoup de nos tracks en dj set, on trouvait ça dommage de ne pas les jouer en live.

Il nous a fallu pas mal de temps de réflexion et de travail pour se lancer. On a mis un coup d’accélérateur cet automne et on s’était fixé cette deadline du 4 avril avec L’Orangeade pour notre premier live… c’est chose faite ! On va dire que c’était une V1 qui nous a donné énormément d’envies et d’idées, et notre set va encore évoluer. On a adoré ce moment, d’autant plus que c’était un premier concert à domicile et tous les copains sont venu nous voir !
Vos envies à l’avenir : faire plus de live et moins de dj sets ?
On continue de tourner en dj sets, c’est un format qui se fonctionne bien notamment en club, mais bien sûr, l’objectif est de proposer au maximum le live, et on pense que notre musique s’y prête vraiment. Maintenant on peut aussi se positionner sur les Scènes de musiques actuelles. On a d’ailleurs un concert booké fin juin avec le Krakatoa, une salle de concert à Bordeaux, dans le cadre de leur format “Hors les murs”.
Vous avez sorti votre nouvel EP « Midnight Roses », le 1er d’une trilogie pour 2025, pouvez-vous nous en dire plus sur ce 1er volet ?
“Midnight Roses” marque le début d’une nouvelle empreinte et proposition artistique, on retrouve le côté épique, mélodique et cinématographique que l’on propose dans nos productions depuis des années. Avec cet EP on arrive avec une direction artistique et un son plus assumé qui nous positionne plus comme un groupe de musique électronique plutôt que des Djs. Les deux volets qui vont suivre ne feront que renforcer cette nouvelle DA, on a hâte de vous présenter le 2ème EP qui sortira très bientôt…
Depuis peu vous avez une nouvelle casquette puisque vous gérez votre propre label, c’est un vrai défi aujourd’hui. Quelles sont vos ambitions et projets autour de Gloire Records ?
Nous avons lancé notre label il y a 2 ans maintenant, et oui, c’est un sacré défi ! Aujourd’hui ce n’est pas simple de signer sur des labels qui accompagnent vraiment les artistes, les sorties s’enchaînent et sont bien souvent bâclées. On passe d’un artiste à un autre s’en prendre le temps de s’attarder sur une promo. Aujourd’hui tout le monde peut monter son label sans forcément faire un vrai travail de fond et on en a bien souvent payé les frais.
L’idée première était vraiment de reprendre le contrôle sur notre musique, gérer nos sorties au rythme que l’on souhaite et pouvoir promouvoir notre musique avec nos idées, et investir sur notre propre carrière finalement. Gérer un label à 360 degrés à deux c’est du travail mais on prend le temps et on apprend tous les jours de nouvelles choses sur l’industrie musicale, ce qui est super intéressant et enrichissant. Après ces 2 années de recul, on peut dire que ce choix d’indépendance nous convient parfaitement !
Nos ambitions avec Gloire Records sont de continuer à promouvoir la musique de notre projet AVTEL bien sûr, mais aussi d’ici quelques mois de commencer à soutenir de nouveaux talents que l’on pourra accompagner dans leur processus de développement de carrière, comme on aurait aimé qu’un label le fasse pour nous. On aimerait vraiment que Gloire Records deviennent une petite famille d’artistes, comme peut l’être Ed Banger par exemple.
Niveau retour (presse, public) on sent que ça commence à se structurer autour de nous, on commence à fédérer une vraie communauté et on est super contents. Organiser nos propres évènements sera la suite logique quand on aura créé notre petite famille et qu’on sentira qu’il y a un réel engouement autour de notre label !
Bordeaux attire de plus en plus de festivals et ça ravit autant le public qui s’est longtemps senti à l’écart versus Paris, Lyon, etc. et les artistes locaux qui bénéficient de plus en plus de visibilité. Vous serez d’ailleurs de retour sur la place des Quinconces en juin pour le 1er Brunch Electronik à Bordeaux, j’imagine que vous êtes supers excités ?
On confirme, Bordeaux est une ville qui bouge énormément depuis quelques années ! Il y a beaucoup de collectifs locaux qui proposent de supers open air, les programmations sont variées et l’ambiance reste bon enfant et familiale. Tu peux te retrouver en centre-ville un samedi après-midi en ville ou sur les quais et tomber sur une grosse scène ouverte où ça joue de la musique électronique, avec un public de 5 à 60 ans, c’est génial !
Et à côté de ça, en effet il y a de plus en plus de grosses productions comme Madame Loyal, Initial Festival ou bien encore le Brunch Electronik qui débarque place des Quinconces en juin. On est évidemment flattés et super excités de rejoindre ce gros line-up et de partager l’affiche avec des noms comme Paul Kalkbrenner , Kölsch, Folamour. On ouvre le dimanche après-midi et on a vraiment très hâte d’y être, ça devrait être une de nos plus belles dates de l’été !
On remarque que ces dernières années la scène de la musique électronique est devenue un marché de gros. Les clubs et les festivals programment les mêmes têtes d’affiche avec des line-up identiques. Si on rajoute à ça l’essor de la hard techno portée par Tiktok, c’est vraiment une industrie sans nuances qui se dessine et il est de plus difficile pour certains sous-genres de se frayer une place. Comment vivez vous ça en tant qu’artistes, producteurs, dirigeants de label mais aussi en tant que public et consommateurs de musique ?
Oui en effet, il est de plus en plus difficile de se faire une place dans ce milieu ultra compétitif. En tant qu’artistes producteurs, on a vraiment l’impression que l’industrie est devenue un commerce géant culturel ou les promoteurs misent sur des noms bankables pour remplir les salles, bien souvent au détriment de la diversité artistique ou de la musique tout simplement. Comme tu le dis, ce sont les mêmes noms qui reviennent tous les ans, pendant que de nombreux artistes talentueux attendent désespérément leur tour. Il faut faire avec mais on espère que ce mode de fonctionnement finira par changer.
L’essor de la hard techno est un très bon exemple, avec l’explosion de ce style sur Tik Tok, beaucoup de gens, notamment les plus jeunes s’identifient à ça. On est plus sur un effet de mode que sur un attachement profond au style, et du fait que ce phénomène deviennent viral, ça finit par écraser les autres. Beaucoup d’artistes qui prennent le temps de construire une proposition sincère, avec de la subtilité, de l’émotion, un storytelling sonore se heurtent à une industrie qui valorise l’instantanéité et la hype.
Quand tu fais de la musique plus produite et plus subtile, tu as comme l’impression de te retrouver en marge du système et il faut s’accrocher pour se faire sa place. Nous on se bat et on a vraiment envie de conseiller à tous les artistes comme nous de s’accrocher. On est sur que l’authenticité finit toujours par payer. Le fait que l’on soit 2 et une fratrie est une force car on se soutient et ça nous aide à ne pas baisser les bras.
Finalement, l’idée de monter notre propre label est aussi un acte de résistance créative où on refuse de se conformer. On a décidé de créer notre propre espace pour défendre notre vision créative sans user de stratégies commerciales pour être écoutés ou bookés. On peut sortir notre musique comme on veut et quand on veut, construire notre univers, soutenir des artistes talentueux qui connaissent les mêmes problématiques que nous, fédérer une communauté autour de nos valeurs artistiques… c’est quelque chose qui nous tient vraiment à cœur !
En tant que public et consommateurs de musique, on avoue qu’on reste éloignés de la hype et on prend plaisir à aller voir des concerts qui nous plaisent avec un vrai show musical et visuel. Aujourd’hui on est vraiment admiratifs de groupes qui restent dans le temps et qui ont sû créer une vraie signature musicale comme Justice qu’on a vu dernièrement (on a d’ailleurs pris une sacré claque), Moderat, Vitalic ou encore Bicep pour ne citer qu’eux car il y en a beaucoup d’autres. On aime leur façon d’aborder la musique et de créer. Aller voir ces artistes en concert est une belle expérience et cela nous inspire, on comprend qu’ils perdurent !
C’est une scène sincère et authentique, qui raconte quelque chose et qui parle à plusieurs générations. Ce sont des artistes que l’on peut retrouver d’ailleurs dans des programmations de festivals plus éclectiques comme Garorock, les Vieilles Charrues, les Eurockéennes, ou encore We Love Green auxquels on aime participer. Notre objectif aujourd’hui avec AVTEL et Gloire Records est de s’inscrire dans une dynamique similaire !