La réputation des Nuits sonores n’est plus à faire, mais ce n’est pas pour autant que le festival phare de l’association Arty Farty se repose sur ses lauriers. Bien au contraire. La 22ème édition du festival, qui aura lieu du 28 mai au 1er juin à Lyon, célèbre aussi bien les traditions de la culture musicale qu’elle honore les mouvements actuels.
Avec une programmation musicale qui rassemble et des lieux emblématiques qui se réinventent, le festival ne prétend pas sauver le monde, mais espère pourtant proposer un « antidote » et une sérieuse dose de joie pour nous rebooster en cette période quelque peu incertaine. Petit tour d’horizon de ce qui attend les quelques 15’000 festivaliers (par jour) prêts à vibrer de jour comme de nuit.
« La diversité est une priorité culturelle qui nourrit la création«
Ce postulat fort revendiqué par l’association semble avoir guidé la direction artistique de cette nouvelle édition. Les festivaliers auront le plaisir de l’expérimenter de plusieurs manières : par les musiques, par les lieux, et par les idées.
La diversité des Musiques
Qu’on se le dise, la programmation des Nuits sonores chatouillera les psychorigides qui ne jurent que par des affiches aux étiquettes musicales bien strictes… Et tant mieux ! Chacun ses goûts, certes, mais le paysage musical évolue de manière si exponentielle que s’enfermer dans des classifications précises seraient se priver de bien des plaisirs. Par contre, rassembler autant de styles sur une même affiche, en faisant en sorte que les contrastes deviennent de véritables passerelles rendant l’exploration fluide, tout en sublimant des lieux parfois éphémères, cela demande du talent. Et de l’expérience. Heureusement pour nous, l’équipe des Nuits est munie de ces deux trésors.
Les 5 jours et 4 nuits de festival réuniront 200 artistes et speakers pour une programmation des plus excitantes. Celle-ci mélangera subtilement des superhéros locaux (LB aka LABAT, Flore, Sklear, etc.) aux têtes d’affiches internationales (Solomun, Peggy Gou, Honey Dijon, etc.), et des artistes prometteur·se·s (Mees Javois, Vitess, Anto <3, etc.) aux légendes vivantes, fondatrices de cette culture qui nous est si chère (Suzanne Cianni, Jeff Mills, Robert Hood, Luke Vibert, Chase & Status, etc.). Un panel sonore et esthétique qui peut sembler intimidant, mais qui nous prendra par la main pour explorer autant de facettes que de formes de vivre la musique : live expérimental, techno industrielle et minimaliste, électro, acid house, minimal wave psychédélique, hip-hop, minimal synth, rock, kraut, dub, punk, jazz, house, neoperreo… you name it ! Cette nouvelle édition promet d’être un véritable tour du monde et tour des sens, mis en valeur par une curation d’espaces soigneusement réfléchie.
Cette volonté de tester, d’innover et de faire bouger (si propre à la philosophie audacieuse du festival), se manifeste aussi à travers une série de b2b rares ou inédits comme notamment des rencontres entre Airod & Dj Physical, Flore & Special Request, Mall Grab & Dylan Dylan, Surusinghe & TSVI, Ellen Allien & BADSISTA, Helena Hauff & Dj Mell G, Âme & Curses, Forest Drive West & Azu Tiwaline ou encore un b2b2b exceptionnel entre trois générations d’artistes : Cassius, Myd et Bambounou. Certaines de ces rencontres surprenantes prouveront qu’il est possible de créer de la cohérence dans le contraste… music is the answer !
C’est aussi cette ouverture et richesse artistique qui a permis au festival de s’imposer comme un pilier de la scène musicale européenne voire mondiale, et de créer ce lien fort, cette confiance avec son public et ses artistes.

La diversité des Lieux
Investir et réinventer des lieux emblématiques de la ville a toujours fait partie de la signature des Nuits sonores. Après avoir inauguré le site l’année dernière, les Days investissent une nouvelle fois Les Grandes Locos, un ancien technicentre de la SNCF à la Mulatière, dans une configuration repensée qui continuera à surprendre. Au programme, 4 scènes aux expériences différentes : une nef impressionnante, un garage intimiste, une scène extérieure à l’esthétique industrielle, et un espace soundsystem dans lequel les majestueuses enceintes n’obéissent qu’aux artistes. Évidemment, la programmation musicale de chaque scène est minutieusement pensée afin qu’espaces et sonorités se complémentent à merveille.
En ce qui concerne les Nuits, l’emblématique Sucrière invitera les festivaliers à déambuler entre 3 espaces scéniques, très contrastés les uns des autres. Cette configuration est présentée comme une version augmentée du lieu pourtant bien connu des festivaliers : le traditionnel dancefloor à 360º sera complémenté d’un club intimiste et un espace de live immersif (au Sucre).
À événements exceptionnels, lieux exceptionnels. Le festival investit également le Théâtre des Célestins, un endroit historique pour accueillir le concert d’une figure pionnière de la musique électronique : Suzanne Ciani. Dans un décor plus contemporain mais tout aussi historique, le Théâtre de la Croix-Rousse accueillera lui le live de la légende de Detroit, Jeff Mills, qui y jouera la bande-son accompagnant la projection du film muet Woman in the Moon le samedi (le dimanche, The Wizard prendra à nouveau les platines pour clôturer le festival dans la nef des Grandes Locos).
Comme à son habitude, le festival se déploiera également dans le reste de la ville avec une programmation gratuite, notamment un espace spécialement aménagé pour les petits (pour les Mini sonores à la Station Mue), une exposition à la Bibliothèque Municipale (« Entre Rave et Réalité »), des sets « à la bonne franquette » pour les sessions Instore à Unité Centrale, et bien d’autres surprises dans le cadre d’Extra!Nuits sonores et du Lab. Que ce soit sur scène, sur les dancefloors ou dans les rues de Lyon, le festival insufflera un vent propice au partage et aux échanges intergénérationnels, permettant au passé d’être accueilli par le futur comme il se doit, dans l’unisson.



La diversité des Idées
Avec les Nuits sonores Lab, le festival se présente déjà depuis de nombreuses années comme une plateforme d’échange, un espace de réflexion, en marge du dancefloor. Pensé comme un prolongement des engagements de l’organisation, le Lab propose workshops, talks, conférences et conversations afin de se saisir collectivement des enjeux culturels, sociaux et politiques liés aux musiques électroniques et aux cultures indépendantes. Au Lab, il s’agit aussi de comprendre d’où on vient pour comprendre où l’on va. Cette année, en réponse à la pression grandissante de l’industrie de la technologie et du numérique, le programme s’articulera autour du thème « Techno-Politique » et invitera les intervenants à questionner l’intersection entre technologie, politique et culture.

Une diversité gagnante
En réinventant des lieux familiers et en proposant d’explorer des contrastes esthétiques, sonores, et idéologiques, les Nuits sonores nous prouvent qu’elles sont loin d’être à bout de souffle, même après plus de 2 décennies. Comme chaque année, le premier défi sera certainement de choisir sur quelle scène miser pour vivre moments de grâce et de frissons. Cela dit, avec une programmation aussi variée, le vrai défi sera peut-être de désapprendre pour se laisser surprendre. Quoi qu’il en soit, l’engouement du public parle de lui-même car côté billetterie, les pass Days et Nuits sont épuisés depuis quelques semaines déjà. Des billets Days ou Nuits sont encore disponibles, et des listes d’attente sont mises en place pour les retardataires… notre conseil : n’attendez plus et foncez prendre vos billets !
En résumé :
🗓️ Dates : 28 mai – 1 juin 2025
📍 Lieu : Lyon
🎟️ Infos, programme complet & billetterie : nuits-sonores.com
Photo de couverture: Gaetan Clement
