Il y a quelques mois déjà, un soir comme tant d’autres à Lyon, j’embarquais sur la péniche Loupika pour un beau voyage. Alors que la fin de soirée approchait, la dernière DJ, Jeudi minuit, tenait éveillée une foule déchaînée au rythme des cent-quarante battements par minute. Dernier morceau, déjà, quand soudain, une sonorité nouvelle traverse la cale, semant danse et euphorie sur la piste. Ce morceau : Untitled 38490, de Binary Digit. J’ai depuis eu l’occasion de mieux découvrir l’artiste grenoblois via sa musique, et j’ai décidé de la partager avec vous lors d’une courte tribune.

Des influences multiples

Quelque part, dans un univers digital abstrait, techno, breakbeat, acid et jungle se trouvent réunis pour créer une synergie surprenante. Cet espace, c’est celui qu’a choisi d’occuper l’artiste grenoblois Binary Digit, et l’originalité saute aux yeux.

Des voix glitchées qu’affectionnait tout particulièrement Aphex Twin, en passant par des breaks percussifs détonants. Les patterns nous transportent au rythme des kicks qui s’enchaînent à intervalles parfois réguliers, souvent breakés. Les moments calmes et légers règnent le temps d’une boucle, ou deux, et acceptent avec joie de laisser leur place à des interludes acides, tranchantes et lourdes. Que ce soit seul, ensemble, dans un casque, ou sur scène, la musique apparaît toujours contrastée, riche, et hors du temps.

Focus sur le dernier projet de Binary Digit : Xrns Trax (2023)

En janvier dernier, Xrns Traxest est sorti sur le label belge WEME Records. Du haut de ses quatre titres, le projet est détonnant, frais et s’inspire d’influences multiples. L’EP s’écarte de l’essence club pourtant chère au style acid techno pour laisser une plus grande place à la contemplation et à l’introspection.

Les mélodies sont riches et propices au voyage. Elles sont quasi-toujours accompagnées par d’épais riffs acides et des sections rythmiques jungle comme sur le morceau « P5FUNK ». Avec ses deux parties distinctes mais cohérentes, « Maybe Trigger Acid » surprend positivement avec un regain d’énergie inattendu amené par un kick rapide et décidé à foncer droit vers l’avant. Dignes des lignes acides du mythique TB-03 de Roland, « Acid King Charles Spaniel » vient ramener sur terre tous les rêveurs en dérives. Une musique planante oui, mais sans rien céder à la culture rave et tekno, et c’est cette ambivalence qui nous plaît tant.

Alors que les titres sont parfois alambiqués à l’image du morceau « P5HD-165TEKmix2 », la direction du projet est cohérente et unie dans sa différence. La musique de Binary Digit est vaste de par ses multiples directions et ne demande qu’à être explorée.

Rendez-vous en terre lyonnaise en juin

Le 3 juin prochain, l’artiste se produira à Lyon au parc de la Ceriseaie, dans le cadre d’un évenement produit par l’agence de booking Everybody Trance. Côté line-up, il sera accompagné d’Audrey Danza, Mimi et Desire. Plus d’informations sur l’événement en suivant ce lien.

Nous espérons vous avoir donné envie d’aller creuser cette discographie par vous-même. Binary Digit nous a d’ailleurs annoncé plusieurs sorties à venir sur le label Postal Code que nous attendons avec impatience.