Confinement et Livestreams ont-ils dessinés la fête 2.0 ?

Cette période de confinement a vu les livestreams fleurir sur internet, mais que penser de la démocratisation de cette pratique loin d’être nouvelle ?

Pendant le confinement de nombreux artistes ont diffusé des mixs à leur fans via des lives depuis chez eux. Pour garder le contact ou tout simplement partager leur passion, les streams de certains Dj’s ont rapidement pris une ampleur importante. Des artistes comme Bob Sinclar ont atteint plusieurs centaines de milliers de vues par lives et créé un réel engouement autour de rendez-vous réguliers. Mais maintenant que le confinement est fini, que va-t-il advenir de cette pratique ? Quel impact va-t-elle laisser sur la musique électronique dans les semaines et mois à venir ?

Les livestreams au temps du confinement

Il convient de rappeler que ce mode de diffusion n’a rien de nouveau. Depuis de nombreuses années nous pouvons suivre des artistes en live depuis chez eux ou des retransmissions de concerts et d’événements. Toutefois, ce qui a fortement évolué durant cette période, c’est la communication et les moyens développés pour ces streams. Le raz-de-marée de lives qui a envahi internet à obligé les artistes à innover en la matière.

Si les premières semaines de confinement ont été marquées par de nombreux lives improvisés, nous avons vite vu la professionnalisation de la pratique envahir nos réseaux. Planning pour certains artistes et labels (Dubfire, Anjunabeats) ou création d’événements pour d’autres (Charlotte de Witte). L’objectif était de fédérer les fans autour du globe et de créer un rendez-vous unique, à la manière d’une soirée 2.0.

Les moyens déployés ont été de plus en plus importants, notamment sur le travail de l’image grâce à des prises de vues toujours plus grandioses et époustouflantes. Nous pensons bien évidemment au géant Cercle qui a fait son grand retour après deux mois de pause et un live sensationnel à l’Aiguille du Midi en compagnie de The Blaze.

Les moyens mis en place sont toujours plus sensationnels et les artistes recherchent l’originalité et la touche unique. Et si cette originalité venait du jeu vidéo ?

Le virtuel comme nouvelle scène ?

Les revenus générés par l’industrie de la musique électronique en 2018 sont évalués à 7,2 milliards de dollars. A titre de comparaison, l’industrie du jeu vidéo pour la même année est estimée à 120 milliards de dollars. Il n’est dès lors pas étonnant de voir des artistes électro apparaître dans cet univers. Le concert de Marshmello en 2019 sur Fortnite avait réuni plus de 10 millions de personnes et généré l’engouement du public.

Conscients de l’impact et de la portée de tels événements, des festivals font désormais leur apparition dans les jeux vidéos. C’est le cas de Minecraft qui accueillera un festival dédié à la musique électronique du 25 au 28 juin prochain avec des artistes tels que Jamie Jones, Nicole Moudaber ou encore La Fleur.

Toujours à la recherche du sensationnel, le géant de l’événementiel Alda Events a organisé un concert en réalité virtuelle avec les artistes Hollandais W&W. Le duo a joué un set en 3D dans un stade virtuel, réunissant 900 000 personnes sur Facebook et 150 000 sur Twitch. Scénographie, feux d’artifices et confettis 2.0, tous les éléments des plus gros festivals y étaient. Les participants pouvaient faire des dons à l’Unicef, partenaire de l’événement, pour aider à la lutte contre le COVID 19.

La solidarité au temps du confinement

A l’image de ce concert de W&W, ces soirées 2.0 ont été l’occasion de développer des actions solidaires. Afin de lutter contre le COVID 19 des artistes influents comme David Guetta se sont mobilisés. Grâce à deux livestreams “confinement”, l’artiste Français à récolté plusieurs centaines de milliers d’euros pour aider à la lutte contre le virus.

De nombreuses associations se sont également mobilisées pour apporter leur soutien à la culture et à l’événementiel. Le projet Allemand “United We Stream” permet au public de suivre un live depuis des clubs vides et de faire un don pour soutenir ces institutions de la nuit et les artistes, mais aussi tous les prestataires qui œuvrent dans les coulisses. Le concept s’est aussi développé en France grâce à l’intervention de Technopol par exemple.

Mais d’autres appels aux dons ont été plus maladroits et ont créer des bad buzz à l’image des managers de Carl Cox ou Seth Troxler.

Un modèle économique pour les Livestreams ?

Tous les livestreams n’ont pas eu des objectifs de solidarité en ces temps de confinement. Certains artistes ont proposés des formules payantes, avec des jauges limitées pour favoriser des moments uniques. De nombreuses questions se posent dès lors. Quelle sera la valeur ajoutée d’un live payant ? Quelle viabilité dans le temps ? Le public est-il prêt à payer pour certains artistes alors que d’autres sont accessibles gratuitement et à la demande ?

Selon une récente étude de l’IFOP 93% des Français seraient en manque d’événements. Toutefois, la même proportion est inquiète à l’idée d’en faire à nouveau. Alors que les conditions d’ouverture des clubs arriveront d’ici quelques jours, nous pouvons déjà formuler des hypothèses sur les conditions drastiques de reprise. Aurons-nous des distances de plusieurs mètres entre chaque participant ou l’obligation de porter un masque ? Aurons-nous envie de faire la fête si les contraintes sont trop importantes ?

Toujours dans cette étude, 59% des personnes interrogées indiquent vouloir attendre que la situation revienne à la normale pour revivre des événements. Nous apprenons aussi que 21% seraient prêts à payer pour une version digitale. C’est dans cette situation que l’expérience et l’innovation ouvriraient les portes du marché de la fête 2.0. Et si, avec un simple casque de réalité virtuelle, vous pouviez retrouver vos amis dans le club de vos rêves, avec vos artistes préférés, seriez-vous prêts à payer ?

(CC) Photo couverture / Cercle

Commenter