Les scénographies démesurées semblent incontournables pour les événements EDM majeurs mais sont-elles toujours au service de la musique ?
Si de nombreux festivals à taille humaine misent d’avantage sur des programmations soignées et la qualité de l’ambiance plutôt que sur la scénographie, ce n’est pas le cas de nombreux mastodontes. La popularisation de la musique électronique ces dernières années a mené au développement de structures géantes dans le paysage de l’événementiel. Ces immenses sociétés de production consacrent des budgets colossaux à leurs animations visuelles. Portées par les réseaux sociaux, les images de feux d’artifices ou scènes démesurées ont largement contribué à faire connaître ces événements (Ultra Music Festival de Miami et Tomorrowland certainement en tête de gondole). Mais de nombreuses questions se posent. Quel intérêt le public a-t-il réellement pour la proposition artistique de l’événement ? Est-ce qu’il s’y intéresse pour la musique ou le spectacle vu sur les réseaux sociaux ?
Quelle place pour la scénographie dans l’EDM ?
Consciemment ou non, le public a appris à découvrir et vivre des concerts ou festivals EDM avec des scénographies omniprésentes. Idéalement, elle apparaît comme la concrétisation visuelle de la musique. C’est la scénographie qui va pimenter l’ambiance générale. Mais est-elle toujours au service de la musique ? N’assisterions-nous pas à une inversion des rôles ?
Les réseaux sociaux ont donné une image de rêve à certains événements grâce à des films finement travaillés pour montrer la beauté du festival. Ces derniers nous séduisent pour les images capturées. En plus de cela, les réseaux sociaux se chargent de créer une “Hype” autour de tel ou tel événement. Tommorowland est-il populaire pour sa programmation artistique ou pour son côté tendance ? Serions-nous en train de créer un public présent pour vivre un instant de magie visuelle plutôt qu’auditive ? Un public prêt à dégainer son téléphone à tout moment pour montrer le spectacle qu’il suit ?
Q-Dance, géant Hollandais de la Hard Music propose chaque année un “Endshow” (véritable bouquet final) pour son festival Defqon, et ce, sans DJ ! Et pourtant ce sont les images du end show qui font le tour du monde et qui participent en partie à la réussite et à la popularisation de l’événement.
Toutefois, ces propos sont bien sûr à nuancer. Les festivals vendent des têtes d’affiches, pas un spectacle visuel. Les artistes restent au cœur de l’événement. Ce sont eux qui assurent le show musical. Mais suite au développement de ces immenses scénographies dans l’EDM, ne sont-ils pas devenus spectateurs de leur propre musique ? Le véritable show n’est-il pas en réalité celui proposé par les régisseurs lumières ?
Vers une reconnaissance des Lights Jockey ?
Il est évident qu’une partie du public ne prête pas toujours attention au show et choisi les événements pour la musique, mais les autres ? Ceux qui sont attirés par les images et lumières ne s’intéressent-ils donc pas aux personnes qui permettent ce spectacle ? Au même titre qu’un DJ que nous allons découvrir et apprécier en événement, nous allons ensuite écouter ce qu’il fait, nous intéresser à son travail. Pourquoi n’est-ce pas le cas pour la lumière et les Lights Jockey ?
Peut-être les organisateurs d’événements auraient bons compte à mettre en avant les hommes et femmes qui exercent dans l’ombre ? La qualification du métier est peut-être également problématiques. Un Light Jockey est rangé dans la catégorie des techniciens et non artistes comme les DJ.
De l’autre côté il y a surement aussi une volonté de la profession de ne pas se mettre en avant. Un souhait de conserver une certaine discrétion pour ses professionnels qui pilotent la lumière mais paradoxalement restent dans l’ombre.
Afin de développer le sujet, nous avons reçu Charly B, véritable référence dans le paysage des Lights Jockey à l’international ainsi que Julien Delorme, régisseur et Technicien lumière. L’émission est à retrouver très bientôt sur notre page Facebook.
[…] nombreux festivals et clubs électro. A cette occasion, nous avions préparé un dossier complet, disponible ici. Charly B et Julien Delorme ont ainsi partagé leur vision professionnelle de Light Jockey à ce […]